Tous les jours, j’entends de bien jolies personnes douter d’elles même, sous Le prétexte “qu’elles n’ont pas confiance en elle”. Parmi les motifs de consultation, je reçois régulièrement les demandes suivantes “je voudrais avoir plus confiance en moi”, “j’aimerai m’aimer un peu plus”, “je voudrais m’affirmer plus”.
Et souvent derrière ces idées, il y a des notions de sacrifice, de faire passer l’opinion des autres avant la sienne, donner plus de crédit aux autres qu’à soi même. Et l’idée (fausse, on verra pourquoi dans un prochain article) que si l’on a confiance en soi, c’est que l’on est comme Ginette du service compta, qui parle toujours plus fort que les autres et qui a toujours ce qu’elle veut quand elle le veut.
La toile, les magazines, les livres, les podcasts et même les films (I feel pretty,j’adore !)… regorgent d’histoires où la confiance en soi est présentée comme le Graal, où le personnage principal est sauvé quand il a confiance en lui.
Alors je vais vous arrêter tout de suite, on va tordre le cou à cette idée reçue. Et on va encore faire confiance au pouvoir de l’amour. The power of love. Et si la clé résidait dans l’amour inconditionnel que l’on se porte à soi?
Honnêtement, j’ai mis du temps à écrire cet article. Car j’étais moi même victime de mon propre manque de confiance, en ce que j’allais pouvoir écrire. Alors une amie m’a rappelé à quel point je pouvais estimer ce que j’avais à dire, sur le simple postulat de départ que: j’ai des choses à dire. Et qu’il s’agissait simplement de livrer ma vision de ce concept nébuleux.
Alors, on y va? Vous êtes prêts? Je vais vous demander de garder votre cœur et votre esprit, OUVERTS.
L’estime de soi est un vaste sujet à traiter. Il m’a semblé difficile de tout traiter en un seul article. Alors aujourd’hui je vais vous proposer de dépoussiérer ce concept en perpétuelle évolution. Je vous dirais pourquoi je ne crois pas que partir de la définition classique nous aide à quoi que ce soit, et je vous livrerai ma vision. Je vous livrerai quelques « comment », même si je pense qu’un autre article devra voir le jour pour être plus spécifique si vous souhaitez en savoir plus sur la mise en pratique.
L’ESTIME DE SOI : UN CONCEPT EN PERPÉTUELLE ÉVOLUTION
Si l’on en croit toutes les définitions, du Larousse aux ouvrages de psychologie, l’estime de soi est présentée comme quelque chose qui est bien souvent dépendant de l’environnement, d’une personne extérieure, ou du passé.
Au départ, l’estime de soi était présenté comme le fait de regarder sa valeur par rapport aux autres êtres humains, ou en comparaison à notre idéal de vie, de ce qui ferait de nous quelqu’un d’aimable.
Selon Williame James, “l’estime de soi est le rapport entre ce que sont réellement les humains et ce qu’ils veulent être (leur idéal de soi). Pour Maslow, “l’estime de soi correspond à une double nécessité pour l’individu: se sentir compétent et être reconnu par autrui”.
L’estime de soi … Dans le regard des autres?
Il semblerait que le sentiment d’appartenance joue un rôle, d’où l’importance de se conformer à des normes sociales. D’ailleurs cette notion de comparaison tient une place prépondérante puisque l’on estimerait sa valeur par rapport à autrui, par rapport aux attentes extérieures…
Toutes ces définitions faisaient de l’estime de soi quelque chose d’instable, en perpétuel mouvement, et surtout la rendait dépendante de l’environnement et des autres.
Albert Ellis, un de nos chers pères fondateurs des Thérapies Cognitives et Comportementales (TCC) a commencé à introduire l’idée d’amour inconditionnel de soi, et là, ça commence à devenir intéressant. Il apporte une nouvelle vision et s’oppose aux définitions précédentes.
Car pour lui, nous aurions tendance à nous accorder une valeur positive en cas de réussite, et une valeur négative en cas d’échec, en (très gros) résumé. Vous voyez le problème? Notre estime de nous-même serait donc dépendante de nos expériences et serait forcément instable, et nous pousserait même à une auto évaluation constante.
L’estime de soi: un amour inconditionnel
Alors, Albert a décidé d’introduire la notion d’amour inconditionnel de soi. Il permet de séparer la valeur d’une personne de ses actes. Nous ne sommes pas l’addition de nos comportements.
Enfin Kristin Neff soutient l’idée que cette notion de confiance en soi nous pousse à nous comparer et active un phénomène féroce d’auto critique. Elle serait alors absolument instable puisqu’elle nécessite d’activer des processus de comparaison à autrui sans cesse.
Mais en fait, c’est quoi l’estime de soi ?
L’estime de soi repose sur 3 pilier. L’amour inconditionnel de soi, la vision positive de soi et la confiance en soi.
L’amour inconditionnel de soi dépend de l’amour que l’on a reçu dans notre enfance, amour indépendant de nos erreurs ou de nos échecs, d’avoir reçu la certitude que nous sommes aimables comme nous sommes. C’est notre réservoir affectif en bref.
La vision positive de soi repose sur ces questions : suis-je aimable ? ai-je de la valeur en tant qu’être humain ?
La confiance en soi correspond à la capacité à se reconnaître des compétences et son aptitude à apprendre des échecs.
DÉVELOPPER SON ESTIME DE SOI POUR A ALLER MIEUX ?
Tout ça c’est bien intéressant, mais ces concepts me posent un problème, et j’en fais le constat au quotidien auprès des personnes que j’accompagne.
Cela suppose que : l’estime de soi serait acquise dans l’enfance. Alors on démarre mal si l’on n’a pas reçu d’amour, ou si l’on en a manqué. Cela suppose qu’il faut s’auto-évaluer par rapport aux autres ou par rapport à soi-même. Et donc que l’on compare la distance entre ses idéaux et la réalité. Et cela rend tout à fait instable l’image que l’on peut avoir de soi-même. Car elle est dépendante des événements et de notre environnement.
Et pour citer Kristin Neff, la comparaison apporte l’auto critique.
Comment avoir confiance en soi, ou de l’estime pour qui l’on est, si l’on dirige nos efforts vers la comparaison à soi ou à autrui ? Nos actes ne nous définissent pas. Nos échecs non plus. Tout sera toujours moins bien ou mieux qu’hier. Mais hier je n’y peux plus rien. Mes actes sont déjà passés.
A vrai dire, la question serait de dépasser notre croyance que nous sommes que l’addition de nos expériences, positives ou négatives. « La carte n’est pas le territoire ». Peut-être qu’il s’agit d’accepter qui l’on est et d’apprendre l’amour inconditionnel de soi. D’apprendre à accepter l’idée que de chaque expérience nous pourrons tirer un enseignement utile pour notre devenir. Ces enseignements sont le chemin vers une meilleure estime de soi. Ce n’est pas la réussite ou l’échec, le résultat.
Kristin Neff nous donne d’ailleurs une autre piste. Elle a montré dans ses recherches qu’un travail sur l’estime de soi ne permettait pas de prévenir les actes violents, ou les risques liés à l’adolescence. D’ailleurs l’estime de soi n’aurait pas d’incidence sur les résultats mais plutôt sur le narcissisme.
Elle nous propose de développer un concept qui nous est quasi inconnu dans nos sociétés occidentales : l’auto compassion.
L’auto compassion c’est reconnaître notre caractère humain.
COMMENT FAIRE POUR AVOIR PLUS CONFIANCE EN MOI?
Je crois que la première étape importante est la prise de conscience. Très peu de personne sur cette terre ont une estime d’elle-même blindée. Même les personnes qui vous semblent sûres d’elles, ou imbues d’elles-mêmes, ou narcissiques. Souvent il s’agit d’une façade, d’un moyen de protection. On peut avoir reçu énormément d’amour et ne pas avoir appris à s’aimer inconditionnellement.
Il n’est pas trop tard pour changer
Otez vous de la tête que l’on ne peut plus rien y faire. Dans votre vie, vous avez le pouvoir d’agir, ici et maintenant. On ne peut plus rien à hier et demain n’est pas encore arrivé. L’estime de soi n’est pas qu’innée, elle n’est pas forcément naturelle. Elle peut se perdre en cours de route, mais la bonne nouvelle, c’est qu’elle s’acquiert également ! Vous apitoyez et vous arrêtez à votre croyance «que vous êtes comme ça » (c’est vrai, peut-être), et que « l’on peut rien y faire » ne vous aidera pas.
Comme vos premiers cours de gymnastiques, vos premières fois en vélo… Il a fallu essayer, recommencer, et trouver votre équilibre. Ce n’est pas FACILE. Cela demande de tenter quelque chose, au moins. Il n’est jamais trop tard pour changer.
L’estime de soi c’est aimer toutes les parties de soi inconditionnellement. C’est reconnaître que votre valeur n’est pas figée, ni dépendante des autres. En conséquence, elle peut s’améliorer et être plus sereine. L’estime de soi s’apprend et s’expérimente.
Si vous avez envie d’en savoir plus sur comment passer à l’action et expérimenter, ne ratez pas le prochain article